Le second mandat de Trump pourrait pousser l’économie chinoise au bord du gouffre

Par Antonio Graceffo
15 novembre 2024 05:10 Mis à jour: 16 novembre 2024 15:09

L’économie chinoise est en bien plus mauvais état qu’en 2016, et un second mandat présidentiel de Trump pourrait la pousser au bord du gouffre.

Lorsque l’on a appris que l’ancien président Donald Trump avait été réélu, les marchés boursiers se sont redressés, le dollar s’est renforcé, le yuan a chuté et le Parti communiste chinois (PCC) a probablement désespéré. La guerre commerciale lancée par Trump contre l’État-parti chinois au cours de son premier mandat a ralenti la croissance de la Chine, affaibli sa monnaie et fait grimper sa dette. Cependant, Pékin a réussi à résister au premier round de la bataille de Trump grâce à son économie par ailleurs solide.

Donald Trump s’est engagé à adopter une position dure à l’égard de la Chine au cours de son second mandat. Robert Lighthizer – son représentant au Commerce dans la première administration Trump et le cerveau de la première guerre commerciale avec la Chine – est en lice pour un poste économique de haut niveau dans la nouvelle administration américaine, un poste qui lui permettrait d’exercer une grande influence sur la politique commerciale des États-Unis.

Connu pour avoir quantifié entre 225 et 600 milliards de dollars par an le coût du vol de la propriété intellectuelle américaine par Pékin, M. Lighthizer recommande depuis longtemps que les États-Unis se « découplent » de la Chine – une position qu’il a réitérée dans son livre No Trade Is Free (Aucun commerce n’est gratuit) paru en 2023. Depuis qu’il a quitté son poste au sein du gouvernement, il a travaillé au Center for American Trade, un groupe de réflexion qui préconise de tenir la Chine pour responsable de ses pratiques commerciales déloyales, de son vol de propriété intellectuelle et de ses atteintes graves à l’environnement.

Après quatre ans de droits de douane imposés par l’administration Trump, quatre ans de droits de douane imposés par l’administration Biden, les confinements du Covid-19 et de la politique du « dé-risking » de la part des pays européens et du G7, l’économie chinoise reste dans le marasme.

Le taux de chômage des jeunes était de près de 19 % en août, proche du record de 21,3 % en 2023. Le secteur de l’immobilier continue de décliner, avec une baisse des prix des logements neufs, tandis que la dette des gouvernements locaux, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), s’élève aujourd’hui à 8400 milliards de dollars. Le FMI estime que la dette publique totale de la Chine a atteint, à la fin de 2023, 20.700 milliards de dollars, tandis que la dette des entreprises s’élevait à environ 350.000 milliards de yuans, soit 48.760 milliards de dollars. Le PIB de la Chine n’étant que de 18.200 milliards de dollars, la dette du pays est plus de trois fois supérieure à la taille de son économie.

Le chef du PCC, Xi Jinping, a lancé une vaste campagne de relance, axée sur le marché immobilier en difficulté, la dette des collectivités locales et la réduction des taux d’intérêt hypothécaires. Les principales mesures ont consisté à abaisser les taux hypothécaires, à injecter des liquidités pour stimuler les prêts et à dévoiler un plan de 1400 milliards de dollars pour alléger le fardeau de la dette des gouvernements locaux.

Bien que ces mesures aient apporté un certain soulagement, elles n’ont pas stimulé de manière importante les dépenses de consommation. Les dépenses des ménages en pourcentage du PIB restent inférieures à 40 %, soit environ 20 points de moins que la moyenne mondiale, ce qui reflète la lutte constante de Xi Jinping pour faire passer l’économie chinoise d’un modèle axé sur les exportations à un modèle basé sur les services et la consommation intérieure.

Malgré ses objectifs, Xi Jinping a été contraint de s’appuyer une fois de plus sur l’industrie manufacturière et les exportations pour soutenir l’économie post-Covid, mais cette stratégie s’avère inefficace. Le yuan est déjà 10 % plus faible qu’au début de la guerre commerciale, ce qui limite la capacité de Pékin à dévaluer davantage la monnaie pour stimuler les exportations.

Les analystes s’accordent à dire que les défis économiques de la Chine sont d’ordre structurel et découlent du vieillissement de la population, de l’endettement massif du secteur de l’immobilier et de l’administration locale, ainsi que de la baisse des investissements. Compte tenu de ces problèmes profondément enracinés, la plupart des experts prévoient que la Chine n’atteindra pas son objectif de croissance de 5 %.

Lors de son premier mandat, Donald Trump a imposé des droits de douane allant jusqu’à 25 % sur les produits chinois. Cette fois-ci, il s’est engagé à imposer des tarifs douaniers allant jusqu’à 60 % sur les importations chinoises, une mesure qui pourrait gravement handicaper le secteur des exportations de la Chine. La banque centrale chinoise devrait dévaluer le yuan d’environ 18 % pour contrer des droits de douane aussi élevés, ce qui ramènerait le taux de change à 8,5 yuans pour un dollar – un coup dévastateur pour la monnaie. La nouvelle administration Trump pourrait en effet décimer l’industrie manufacturière chinoise, étouffer les exportations et faire grimper le chômage.

Près de la moitié des exportations chinoises proviennent d’entreprises à capitaux étrangers, qui seraient probablement contraintes de se délocaliser aux États-Unis ou dans des pays comme l’Inde, la Thaïlande, l’Indonésie et le Vietnam. Ce changement aurait un impact supplémentaire sur les investissements directs étrangers dans l’économie chinoise, qui ont déjà connu une baisse de 28,1 % au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2023.

Les dirigeants européens, qui viennent d’augmenter fortement les droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine, sont actuellement en discussion sur leurs politiques. Ils sont conscients que Trump fera probablement pression pour qu’ils soutiennent les sanctions américaines contre Pékin, ce qui pourrait accélérer la tendance à la baisse des investissements directs étrangers en Chine.

Un facteur qui a joué en faveur de l’État-parti chinois lors de la première guerre commerciale a été le plan de relance américain à la suite de la pandémie du Covid-19, car une grande partie de l’argent émis par le gouvernement américain a servi à l’achat d’importations chinoises. Cette fois-ci, cependant, Pékin ne disposera pas de ce tampon.

Xi Jinping est aujourd’hui confronté à un Trump revigoré – le combattant de longue date du régime chinois, soutenu par un Congrès qui lui est favorable et une population américaine dont l’opinion défavorable à l’égard de la Chine atteint le chiffre record de 81 %. Les Américains sont beaucoup plus susceptibles de soutenir une guerre commerciale aujourd’hui et, compte tenu de l’affaiblissement de l’économie chinoise, une nouvelle guerre commerciale pourrait porter un coup très dur à Pékin.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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